Management humaniste & bien-être au travail
Lecture 4 min.
Crédit photo © Châteauform’
En quelques mots
Face à un marché du consulting particulièrement prospère, les cabinets doivent se donner les moyens pour accompagner cette croissance, et la filière continue d’embaucher. Mais dans un contexte de pénurie de candidats parfaitement qualifiés, les entreprises doivent embaucher leurs consultants en début de carrière, et s’adapter à leurs attentes professionnelles. Que cherchent aujourd’hui les consultants prêts à entrer sur le marché du travail ? Contrairement aux idées reçues, le salaire est loin d’être le premier critère de choix, pour des jeunes de plus en plus conscients de l’environnement dans lequel ils vivent.
D’après le baromètre “Talents : ce qu’ils attendent de leurs emplois”, organisé par IPSOS, le Boston Consulting Group et la Conférence des Grandes écoles, le premier critère de choix des jeunes diplômés est que leur métier ait du sens, tandis que le salaire arrive 10e sur 16 . Les trois premiers critères sont l’intérêt du poste, l’ambiance et le bien-être au travail et l’adéquation avec les valeurs personnelles. Finies les voitures de fonction et autres avantages techniques ! Une certaine forme de flexibilité, comme le travail à la maison, est également une demande de plus en plus courante, et ça pourrait être une chance pour l’entreprise.
D’après une étude réalisée par Vodafone à l’International, 83% des entreprises permettant plus de flexibilité aux employés ont noté une augmentation de leur productivité, et 61% ont vu leurs profits augmenter. Pourquoi donc ne pas satisfaire tout le monde, employés comme employeurs, en s’ouvrant aux exigences des premiers.
Les entreprises de conseil restent parmi les employeurs les plus appréciés, et permettent aux jeunes d’apprendre beaucoup, et de diversifier leurs domaines de conseils très tôt. Mais les start-ups attirent de plus en plus de jeunes diplômés avides d’une culture de travail différente.
D’après une étude annuelle conduite par le journal Les Echos, les grands cabinets de conseil font partie des entreprises les plus appréciées par leurs employés. Key & Partners, par exemple, le cabinet de management consulting, arrive deuxième du classement avec 98% de satisfaction, suivi de près par Deloitte ou BearingPoint. Mais puisque la plupart des entreprises n’ont pas la force de frappe des Big Four ou des grands groupes industriels, il faut aller chercher les jeunes conseillers dès leurs études, et s’inspirer de leurs techniques de recrutement.
Un secteur d’emploi porteur, des perspectives d’évolution illimitées, une hiérarchie plus horizontale et la promesse d’avoir un impact fort sur le produit : les start-ups attirent de plus en plus de jeunes professionnels avides d’apprendre et d’agir au cœur de leur métier rapidement. D’après une étude nommée HappyAtWork, menée par Choosemycompany.com et Les Echos Start, les employés sont plus satisfaits quand ils sont dans la découverte, l’apprentissage de nouveaux produits ou compétences. Cela explique que globalement, les employés des start-ups se disent plus heureux au travail. Des grands groupes aussi l’ont compris, comme Orange, qui a mis en place un “relais incubateur”, grâce auquel de petites équipes peuvent travailler sur des innovations et devenir « intrapreneurs » au sein de l’entreprise.
Une fois les jeunes diplômés embauchés, il faut encore les garder. D’après une étude menée par Deloitte en 2018, les Millenials ne sont que 28% à dire vouloir rester dans la même entreprise pendant cinq ans. Ce chiffre s’explique par une volonté de renouvellement, mais aussi par la nature des premiers contrats, souvent à durée déterminée. Deloitte a décidé de s’attaquer au problème en sondant ses jeunes consultants, afin de connaître leurs attentes.
Un des aspects les plus importants sorti de cette enquête est que les employés accordent une très grande importance à l’impact social de leur carrière, et qu’ils recherchent une adéquation entre leurs valeurs et celles de l’entreprise. D’après son CEO, Punit Renjen, « les jeunes consultants pensent souvent que l’entreprise se concentre trop sur ses propres objectifs sans se soucier de l’impact positif ou non sur la société ».
En essayant de s’aligner sur leurs attentes, Deloitte espère leur donner des raisons de rester. La rétention d’employé doit être un investissement de la part des entreprises, tout simplement parce qu’elle coûte moins cher que l’embauche ! Selon Oxford Economics, remplacer un employé coûte 30 000 euros, qui incluent notamment la réduction de productivité, le temps pris par les ressources humaines, ou la formation des nouveaux arrivants. Et ceci se joue dès l’embauche : les entreprises ayant un programme d’onboarding voient leur rétention augmenter de 50% face à celles qui n’ont pas investi dans cette solution offerte aux nouveaux employés.
D’après la Society for Human Resources Management, ces entreprises augmentent également leur productivité et même la satisfaction client. Mais ces programmes d’onboarding, aujourd’hui utilisés par la plupart des grandes entreprises de conseil, sont avant tout un moyen de permettre aux jeunes consultants de se sentir dès leur arrivée plus impliqués, prêts à collaborer et comprendre les enjeux qui animent leur nouvel employeur. Mobiliser ses employés dès l’embauche, c’est la meilleure façon de les impliquer sur le long terme.
Aujourd’hui, seules 25% des entreprises ont investi dans une telle solution : à elles de prendre les devants et de créer les conditions à une embauche réussie et une rétention garantie.