Management humaniste & bien-être au travail
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Crédit photo © Châteauform’
En quelques mots
La crise que nous vivons et la période inédite du confinement que nous avons vécue, après nous avoir étourdis, nous amènent à nous poser une question de discernement absolument fondamentale : Qu’est-ce qui est essentiel dans nos entreprises et organisations ? Qu’est-ce qui est accessoire ?
Les crises entraînent la disqualification des recettes habituelles et imposent l’invention, l’innovation. L’innovation quant à elle appelle à sortir de l’habitude. On a parfois une vision erronée de l’innovation qui se résume à la page blanche et tout à coup d’un geste génial qui va faire surgir quelque chose auquel personne n’avait jamais pensé. Ce que je trouve merveilleux au contraire, ce n’est pas de construire du nouveau mais de réhabiliter du déjà-là. On se rend compte que l’innovation dans l’Art est liée au souvenir & est dans la citation. Ainsi « L’exécution de Maximilien » de Manet (1868/1869) a été inspirée par « Tres de Mayo » de Goya (1814).
Donc, le monde à venir sera en partie nouveau, il sera différent et surtout résultera de cette prise de conscience. Qu’avons-nous laissé s’accumuler par habitude ? Qu’avons-nous oublié de remettre en question à cause de la dictature du process ? Le process est bien ici notre propos. Les process sont utiles aux entreprises et organisations pour leur bon fonctionnement, mais beaucoup ne les remettent pas en question. Ont-ils encore leur utilité ? Les garde-t-on par habitude ? La crise met en lumière que dans certaines entreprises les process ont proliféré et par la même ont étouffé la mission de l’entreprise. C’est le coeur qui est atteint. Ainsi les process ne sont plus au service de la communauté mais c’est la communauté qui est au service des process !
Certaines entreprises comme Châteauform’ ont le courage de remettre en cause leurs process ce qui leur permet d’avancer toujours, d’innover. Chaque année, il existe un jour dédié à « tuer les règles » et à en inventer de nouvelles. Cette remise en question n’est pas seulement interne, car l’externe – les clients, les partenaires – dit aussi à l’entreprise, à l’organisation ce qu’il faut faire pour se réinventer. Tout comme les process sont à revoir régulièrement, les rituels de l’entreprise le sont également. La réinvention de l’entreprise, c’est le retour à son intuition d’origine. Charles Baudelaire illustre à merveille notre propos dans « Le Peintre de la vie moderne » lorsqu’il dit : « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’Art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. Il y a eu une modernité pour chaque peintre ancien ».
Afin que les entreprises puissent se réinventer complètement, une fois les process et rituels revus et adaptés, il faut continuer à chercher de nouvelles manières de faire autrement. Et le meilleur moyen pour repenser l’entreprise, c’est d’en sortir ! Quoi de mieux que de se retrouver dans un lieu différent, un lieu inspirant, un lieu où le temps est organisé autrement, un lieu dont l’architecture est source de créativité, un lieu dont le service crée l’osmose entre les participants ? Certains séminaires offrent tous ces avantages, d’autant plus lorsque l’on y donne la parole à des gens qui ne parlent pas d’habitude. Car si pendant un séminaire on parle, il faut aussi savoir écouter. Les entreprises et organisations devront écouter leurs collaborateurs et faire appel à leurs sens et à leur intelligence émotionnelle. Elles devront oser s’aventurer sur ce chemin nouveau.
Le séminaire permet de penser autrement, sans partir de la page blanche, mais en gardant ce qui existe déjà et qui est positif. Au même titre que l’oeuvre d’art, le séminaire ne peut pas être une copie. Il permet de donner vie à une réalité différente. Chaque réunion de collaborateurs est source de nouveauté. Ainsi « La Joconde » de Jean-Michel Basquiat (1983) n’aurait jamais vu le jour sans le portrait de « Mona Lisa » réalisé au XVIème siècle par Leonardo da Vinci.
Pour rebondir demain, les entreprises et organisations devront mettre en place de nouveaux modes de fonctionnement tels que letélétravail qui engendre de nouveaux styles de management, comme le management par la confiance. Le leadership sera différent. Le Leader n’aura pas à être innovant mais il devra rendre les autres innovants. Rubens ne peignait pas la totalité des tableaux qu’il signait. Il confiait, déléguait une partie de ses tableaux à d’autres peintres en fonction des goûts et des compétences de ces derniers. Rubens ne peignait pas de fleurs mais Jan Brueghel l’Ancien le faisait admirablement. En revanche, Rubens faisait entièrement de sa main le portrait de ces peintres à qui il confiait sa signature. C’était un signe de reconnaissance très émouvant. C’était une véritable attitude de leadership qui ne consistait pas à tout faire, mais qui consistait à donner à tout le monde l’envie de faire et qui supposait un accueil, de la bienveillance, une valorisation, un accompagnement, une aide à rebondir au-delà de l’échec. Ce n’était pas un leadership qui en imposait ou qui s’imposait mais un leadership qui suscitait constamment, qui donnait envie.
Pour les entreprises, la réinvention, c’est de rester fidèle à son jaillissement premier tout en changeant, tout en innovant avec le monde qui bouge.