En quelques mots

Une femme, un homme. Deux mondes professionnels. Deux tailles d’entreprises. Une conviction commune : la transition écologique et sociale n’est plus une option. Grâce à cette interview croisée, découvrez deux visions, deux parcours et cependant une même énergie pour faire bouger les lignes. D’un côté, Nicolas Tombu, PDG de la Tonnellerie Baron, entrepreneur visionnaire enraciné dans l’artisanat et tourné vers l’innovation durable. De l’autre, Claire Schwartz, Responsable de l’Engagement & Manager de la Mission chez Châteauform’.

🌿Nicolas Tombu : de l’aéronautique aux barriques responsables

Ingénieur de formation, en 1995, Nicolas quitte un poste confortable dans l’aéronautique pour relancer l’entreprise familiale, La Tonnellerie Baron, créée par le grand-père de son grand-père et qui était à l’arrêt depuis des années. 

Nicolas et son cousin apprennent le métier et démarrent de zéro, avec des outils complètement désuets. Ils créent une activité uniquement de sous-traitance parce qu’il n’y avait pas de bois non plus. Ils apprennent à faire des fûts neufs et cela a bien marché jusqu'à en 1999, avec 5 à 6 salariés, 4 ans après le début de l’aventure.
Mais 1999, c’est la tempête qui a balayé tous leurs ateliers, ils ont tout perdu !
« Nous avons été obligés de licencier tout le monde au 1er Janvier 2000. En Mai 2000 nous avons commencé à embaucher de nouveau ! »

« On est passé de 0 barrique à 14 000 par an actuellement. Aujourd’hui, nous sommes 65 collaborateurs et réalisons 18 M€ de chiffre d’affaires, dont les deux tiers à l’export. »

Très inventif, Nicolas imagine en parallèle des brevets au service du secteur de la tonnellerie. Ainsi en 2005, il a créé la société Oxoline qui fabrique des supports de barrique qui maximise l’espace des parcs à barriques.

Et ce succès n’efface pas les convictions. Chez la Tonnellerie Baron, innovation rime avec impact : des barriques éco-conçues (–40 % de bois), un soutien actif à la reforestation (10 000 chênes plantés en France, 75 000 arbres à Madagascar tous les ans), des conditions de travail pensées pour le bien-être des collaborateurs (voitures et vélos électriques, repas bio, potager…).

 

 🧭 Claire Schwartz : l’impact comme boussole

Diplômée d’école de commerce, Claire se spécialise très tôt en management durable & RSE. Son engagement prend forme chez Elior, puis s’épanouit chez Châteauform’. 

Claire a mis en place chez Châteauform’ la démarche RSE et a accompagné l'entreprise dans sa son adoption de qualité de Société à Mission. Claire enseigne également à la RegenSchool.

« Ce qui m’anime au quotidien, c’est d’inspirer les organisations et les individus à faire leur part dans la construction d’un futur souhaitable. »

Son parcours est jalonné de rencontres et de lectures inspirantes : Gary Hirshberg (Stonyfield Farm), Pablo Servigne, Jean-Pierre Goux, Jean-Marc Jancovici… Et d’une conviction : réparer le présent, pas seulement rêver le futur.

 

🌱 Un engagement qui prend racine dans le réel

Chez Nicolas, la conscience écologique était présente dès la reprise de l’entreprise, cependant elle a continué grandir au fur et à mesure.

« Plus on expédiait de barriques à l’autre bout du monde, plus on se disait qu’on devait faire quelque chose. »

Dès 2014, il initie une stratégie RSE structurée. Huit axes de travail sont définis : énergie, transport, biodiversité, innovation… Aujourd’hui, il agit aussi à l’échelle de la filière. Il anime un comité RSE de la Fédération de la Tonnellerie, co-construit des feuilles de route, mutualise les outils (comme un logiciel pour faciliter les bilans carbone PME).

Claire, elle, croit en l’intelligence collective et à l’ancrage territorial.

« Il faut coopérer avec tout l’écosystème : associations, écoles, hôpitaux, artistes. Sortir de la performance pour aller vers la robustesse. »

À Châteauform’, Regen’Ronqueux, un un laboratoire à visée régénérative a vu le jour : maraîchage bio, inclusion sociale (recrutement de personnes en difficulté), actions avec des écoles ou associations locales… Un terrain d’expérimentation pour repenser les liens entre entreprise, territoire et vivant.

 

🔁 Vers une économie régénérative

Pour Nicolas « Avant de compenser, il faut d’abord réduire. »

La Tonnellerie Baron innove avec une nouvelle barrique à faible impact, optimise ses transports, fait pression pour que ses fournisseurs adoptent des énergies propres, partage ses bonnes pratiques à l’échelle nationale avec la Fédération de la Tonnellerie et de la Merranderie. Objectif : atteindre l’équilibre carbone en 10 ans.

Claire va plus loin : elle pousse à ré-imaginer le rôle même de l’entreprise.

« Il faut se décentrer, comprendre les besoins du vivant, coopérer avec tous les membres de l’écosystème, humains ou non. »

L’enjeu n’est pas seulement écologique, il est systémique, relationnel, émotionnel.

 

💬 Conseils à ceux qui veulent se lancer

🎯 1. « Désarmez la complexité »

Nicolas : « Beaucoup de PME pensent que la RSE, c’est compliqué. Mais il existe plein d’actions simples, peu coûteuses, voire rentables. »
 

🔁 2. « Test & learn »

Claire : « On ne transforme pas toute une entreprise d’un coup. Mais on peut tester ailleurs : sur une marque, une maison, une branche. »
 

❤️ 3. « Remettre l’émotion au centre »

Claire : « On ne changera pas le monde avec des normes. Il faut oser l’enthousiasme, la joie, l’alignement. »
 

 

✨ Une autre voie est possible

Leurs mots résonnent comme un appel à l’action. Non pas parfait, mais joyeux, audacieux, incarnés. Nicolas & Claire nous montrent que la transition écologique ne se décrète pas, elle se construit, elle se teste, elle se partage.

Et c’est maintenant qu’il faut se mettre en mouvement pour préparer / réparer le futur !

Comme le dit justement Jean-Louis Étienne, il faut faut user de son périmètre d'influence.

Et si la prochaine révolution venait de ceux qui osent, à leur échelle, bouger les lignes avec sincérité ?